salut à vous
Post by MaxiPost by Thierry Hiblotquelqu'un peut-il nous expliquer les motifs sérieux de cette grève ?
Il y a bientôt des élections... De plus Sud-Etudiant est assez récent et a
besoin de se faire connaître.
De toute manière on en parle trop: il n'y a que vingt universités sur
quatre-vingt-dix où des gens essaient de se faire remarquer, et ils sont
minoritaires.
ce post est tres en retard et, peut être que nul ne le lira mais, mieux
vaut tard que jamais.
La grève est effectivement le fait de syndicats étudiants (l'UNEF et non
Sud qui n'est pas si récent que ça d'ailleurs). Et, oui, l'UNEF avait
une stratégie électoraliste (élections dans certaines universités et
au CNESER). D'ailleurs, l'UNEF a totallement noyauté la coordination
étudiante ce qui a obligé plusieurs universités à s'en désolidarisé.
Cependant, les raisons de se plaindre sont nombreuses et importantes.
Avec l'autonomie des Universités, Ferry met un point final au processus
de privatisation des facs engagé depuis 95, quel que soit le gouvernement
au pouvoir. On ne va pas parler du pourquoi (tout le monde le sait) mais,
du comment.
95, rapport attali qui prévoyait les pôles d'excellence, la
semestrialisation, la mise en concurrence des universités, le financement
sur des ressoureces propres, et la disparition des universités de
sciences humaines en tant que telles (formations indispensables et
COMPLEMENTAIRES aux études de science, droit, médecine, commerce...)
97 semestrialisation de bayrou. On découpe l'année en deux, ce qui va à
l'encontre des intérêts pédagogiques et n'pporte rien. Le prétexte de
la réorientation était bidon. Moins de 5% des étudiants le faisaient
avant la réforme, le chiffre a diminué depuis. Mais, on fonctionne
dorénavant en semestre (avec validation par année cependant). Mise en
place des modules.
2001 réformes ECTS-LMD. Passées entre les deux tours des élections par
Lang, on attaque de plein pied la dernière phase.
- LMD: Licence Master Doctorat. Ces diplômes prennent la place des
anciens sans pour autant (officiellement) supprimer les diplômes
intermédiaires. Ce sont des grades cencés être reconnus partout en
europe et favoriser la mobilité européenne.
Deux pbs essentiels: la mobilité européenne ne touche qu'une infime
partie des étudiants, celle aux revenus les plus élevés. De plus, aucun
fond n'a été alloué pour cette mobilité. Les universités
reconnaissaient déjà lmes diplômes acquis ailleurs, et pas qu'en
Europe. Ce sont des accords entre universités ou entre pays qui fixaient
les équivalences.
- ECTS: Là est le coeur du problème, la réforme sans laquelle la
privatisation ne serait pas possible. Les modules sont remplacés par des
unités de valeur qui peuvent ne pas être des heures de cours. Stages en
entreprise, engagement associatif, travail en bibliothèque... On peut
déjà noter que ça permet à l'entreprise de participer à l'évaluation
d'un diplôme, que ça pénalise les étudiants qui travaillent pour
payer les études (où trouveront-ils le temps de valider ces unités ?)
et que ça supprime toute cohérence nationale. Aucune limite n'est fixée.
Pour aller plus loin, il y a un détail extrêmement important qui est
"l'annexe descriptive au diplôme". En effet, sans cette annexe, les ECTS
seraient caduqs. Le diplôme (officiellement national) pourra contenir
maintenant les commentaires de l'administration sur les études, celui des
patrons sur les stages, le descriptif exact de la formation suivie. C'est
effectivement la fin de la reconnaissance nationale des diplômes. Les
promesses ministérielles ne sont qu'un paravent (je rapelle que du temps
du rapport attali tout le monde jurait que le 3-5-8 ne se mettrait jamais
en place ni la semestrialistion). Enfin, il est bien précisé que les
cours pourront se faire hors présence des enseignants. L'exemple donné
par l'ERT est celui de cours sur CD-ROM, avec validation en ligne, bien
sûr réservés à ce qui peuvent l'acheter et qui ont un ordinateur à
disposition.
2002 l'Autonomie des universités. Il s'agit de faire tomber les
dernières barrières. Ferry insiste sur les ressources propres des
universités, sur la nécessaire mise en concurrence et sur l'adéquation
des formations au bassin d'emploi local. Les facs deviennent aussi
propriétaires de leurs locaux et responsables de l'embauche du personnel
(c'était déjà un peu le cas pour le second point) mais avec des
limites...maximales !!! C'est à dire qu'une université ne pourra plus
embaucher plus de tant de titulaires. Les autres devront être des
précaires.
Je passe sur toutes les réformes qui ont accompagné ce processus
(création d'entreprises au sein de l'université, changement de la
direction des universités, division des universités en UFR et en
départements plus ou moins autonomes, mise en place des PRAGS...).
L'objectif est double
- professionnalisation de l'enseignement
- privatisation
Le directeur du cabinet du rectorat de Toulouse avait laissé échapper,
en off, que les réformes étaient nécessaires parce que dans les autres
pays, c'est l'état qui prend en charge la formation des salariés alors
qu'en france ça restait au soin des entreprises et que ça faussait la
concurrence.
Je voudrais enfin rappeler que ce n'est pas parce qu'on est formé à un
emploi qu'on trouve un travail. Ce n'est pas l'Université qui créé les
emplois mais bien les entreprises. Or, avec la multiplication des stages
qui sont très souvent des occasions de remplacer un salarié peu
qualifié par un étudiant et de faire une rotation de stagiaires sur ce
poste, les emplois vont encore se raréfier. Alors que s'il y avait une
demande de main d'oeuvre supérieure à l'offre n'importe quel étudiant
trouverait un emploi à la sortie de ses études, quelle qu'elle soit.
Enfin, les BTS et autres IUP ont tout à perdre de ces réformes
puisqu'ils perdent leurs spécificités.
La grève a échouée en décembre du fait des manipulations politiques
(et médiatiques), espérons que les étudiants et les enseignants (qui
ont la particularité, dans le supérieur, d'être gestionnaires et qui ne
se bougent jamais les fesses) et même toute la société civile prendront
conscience du danger et se mobiliseront pour mettre à bas l'ensemble de
ces réformes et les remplacer par une véritable réforme de
l'Université qui visera à plus de qualité, d'équité et de démocratie
dans les études.
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